Plus qu’une ligne c’est une lignée : lumineuse et filiale. Une suite – comme un hommage sans
cesse renouvelé – qu’un fils donne à l’idée de son père. Une renaissance, promise à un bel avenir.

Son père Max Sauze, eut cette idée dans les années 60, lumineuse et tellement novatrice, de créer des lampes-sculptures, jouant la multiplication, la prolifération, construites en lamelles d’alu courbées, pincées, poinçonnées, assemblées sur une structure en fil d’acier : succès fulgurant une dizaine d’années durant, avant que l’artiste ne passe à autre chose. Auréolé toutefois d’une reconnaissance internationale, notamment pour Cassiopée, imaginée pour le Palais des Congrès d’Aix-en-Provence, et qui s’en alla briller avec d’autres belles mystérieuses sous d’autres cieux. « J’ai voulu garder cet état d’esprit et ce savoir-faire » explique Sébastien Sauze, le fils, informaticien de gestion qui depuis 2008, dans son atelier à Lambesc, a repris la production, conservant la ligne esthétique mais faisant évoluer la gamme.

Équilibre, harmonie des formes, justes proportions, soin des matières et des surfaces, relations un peu magique entre tous ces éléments… C’est toujours la même histoire, à mi-chemin entre art et artisanat : « Le savoir-faire est au centre de l’activité et détermine l’objet. Toutes les opérations s’effectuent à la main. Elles se comptent par milliers pour les plus grands modèles. Alors il faut trouver le chemin le plus efficace. D’un désordre relatif naît une organisation, par la répétition, le tri, l’alignement », explique Sébastien.

Depuis les années 2000, les pièces vintage de Max Sauze sont réapparues sur le marché au grand bonheur des amoureux de vintage, mais afin de répondre à la demande contemporaine, Sébastien a modifié la gamme et modernisé la technique, supprimé certains modèles, en imaginant de nombreuses nouveautés : de la petite lampe de chevet au lustre de plus d’un mètre de diamètre en passant par diverses tailles de lampes à poser, des lampadaires et des appliques. Les finitions elles aussi se sont multipliées : alu mat ou brillant, argent, inox, bronze ou saumon brossé, cuivre, doré, et dernièrement, un orange pop, les gun métal et noir brillant.

Aussi belles éteintes qu’allumées, ces pièces ont toutes une identité sculpturale : Cassiopée, Andromède, Atlas, Auriga, Copernic ou Orion – la plus connue et le modèle de transition, père et fils l’ayant mise au point à quatre mains : « C’est un travail extrêmement méticuleux d’assemblage et d’équilibre. Seules les structures en fil d’acier sont aujourd’hui réalisées en Italie. 99 lames de 20 cm chacune composent l’Orion de 60 cm de diamètre : cela fait 20 m d’aluminium et près de 1 500 opérations pour une pièce de taille moyenne. »

Les mains gantées, il faut couper, plier, pincer, courber, souder très finement. Selon une organisation répétitive millimétrée : « J’ai fait beaucoup de piano, raconte Sébastien. C’est un peu la même chose. Chaque étape succède à la précédente, c’est comme les notes de musique. Quand je fabrique une lampe, je dis là, je suis dans la main droite, où plutôt là, dans l’accord final. Je vibre à chaque étape. Ce travail demande un rythme. »

À la fois simples et sophistiquées, ces sculptures lumineuses, définitivement affranchies de toute convention d’époque ou de style intriguent à tous égards.

D’autres modèles, parfois sur-mesure et surdimensionnés, trottent dans la tête de Sébastien, comme ce lustre de plus de cinq mètres de long sur un mètre soixante, réalisé et livré récemment et dont il pense développer, décliner le principe : « J’aime tellement jouer avec la lumière. Elle est essentielle à mes yeux. » Au point que lorsqu’il s’installe en vacances ailleurs que chez lui, il ne peut s’empêcher d’emporter quelques modèles de la Ligne Sauze…Certain qu’elles feront n’importe où leur fameux effet.

par Marie Mazeau
photos David Richalet

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